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Chapitre III : Mon Patron, Mon Amant

Six longs mois avaient passés depuis notre entretien. Les jours me paraissaient une éternité. J’avais perdu du poids puisque j’avais accéléré dans la pratique du jeûne pour que Dieu me donne cet emploi dans cette entreprise. Au début, j’avais des crampes au ventre chaque fois que je voulais consulter mon mail. Le patron de l’entreprise Florias avait bien insisté que peu importait le résultat chaque candidat aurait une réponse de sa part. Le fait de penser à cela me donnait une certaine peur. J’étais entre cette envie de découvrir son mail et cette crainte d’être parmi les candidats malheureux. Je faisais plusieurs fois des signes de croix avant d’ouvrir ma boite électronique. C’était toujours la même chose: aucune réponse de la part de l’entreprise Florias. Enfin de compte, je me suis dit qu’une autre personne pourrait occuper le poste.

Par contre, mon amitié avait Jeannette avait pris de l’ampleur. Ne dit-on pas que les oiseaux de même plumage volent ensemble ? En tout cas moi et Jeannette volions dans la même direction. Elle m’expliquait le calvaire qu’elle vivait chez sa tante. Elle  jouait le rôle de fille de ménage chez celle-ci. À force de piler le foutou banane que l’époux de  cette dernière raffolait, Jeannette avait les mains plus dures que la peau d’un éléphant. En la voyant j’oubliais mes soucis. Je trouvais que ma situation était meilleure que la sienne. Alors je remerciais Dieu pour cette grâce. Même si mon oncle ne me donnait pas les moyens financiers, je mangeais à ma faim et jamais j’eus à mettre mes mains dans la cuisine. J’aidais dans les travaux ménagers mais je n’étais pas considérée comme une servante par ma belle-sœur. En effet, mon oncle ne l’aurait pas permis.

Jeannette contrairement à moi gardait son calme concernant les résultats de l’entreprise Florias. Toutefois, je savais qu’elle les attendait  plus que moi. La situation était un peu délicate. Nous étions deux amies chômeuses aspirant à un même poste sans passer par une rivalité. Jeannette, chaque fois, me racontait qu’elle avait fait un rêve dans lequel  j’étais celle qui allait occuper le poste. Franchement je n’y croyais pas. Je ne pouvais pas me réjouis pour un simple rêve ! D’ailleurs quand  moi-même je rêvais le lendemain j’arrivais à peine à m’en souvenir. Le peu de fois que j’eus à m’en souvenir jamais l’un d’eux n’avait abouti à une concrétisation. Je trouvais très chanceuse ces personnes comme Jeannette qui proclamaient avec assurance que leurs rêves aboutissaient toujours. Une ancienne amie de classe m’avait même conseillée d’éviter de manger les restants des nouveaux nés. Pour elle cela empêcherait à l’organe cérébral de se souvenir au lever du jour d’un rêve. À l’entendre parler, je me suis mise à rire puisque cela était à mon avis de la pure superstition tout comme le rêve de Jeannette.

Un soir, pendant que je faisais la vaisselle, je reçus un appel. Je m’empressai de répondre, mais à peine suis-je arrivée, l’appel c’était coupé. Je me demandais qui pouvait bien me joindre avec un numéro masqué. Quelques minutes après, je reçus l’appel de Jeannette à qui j’expliquai cet étrange appel. Elle me conseilla de consulter mon mail, selon elle l’appel pouvait être celui de l’entreprise Florias. Je  trouvais Jeannette un peu obsédée par son rêve. Je décidai de me rendre dans le cyber le plus proche afin de faire quelques téléchargements musicaux et si possible vérifié mon courrier électronique. Une fois à l’enceinte du cyber, je dû attendre une demi-heure avant d’avoir un poste. C’est dans ces occasions que je voyais l’importance de posséder un ordinateur portable et d’avoir une connexion wifi chez soi.  Le cyber refusait du monde, pour la plupart du temps, c’était des adolescents qui découvraient les plaisirs d’Internet. Il fallait attendre des minutes voire de longues heures avant d’avoir accès à un poste libre pour une connexion défaillante. Je ne pas pouvais me plaindre parce que plusieurs d’entre eux ne  pouvaient pas se permettre le luxe d’avoir un ordinateur portable avec une connexion Internet à domicile. Lorsqu’un cybernaute voulu bien se séparer de son poste, le gérant me fit appel pour que je prenne aussi part  aux délices d’Internet. Je bondis sur le poste comme une mendiante à qui on donnait une aumône d’une grande quantité.

J’ouvris la  page Youtube pour télécharger le dernier single «Destinée» de l’artiste Elodie Amondji. Le message que véhiculait  sa mélodie était un baume sur mon angoisse et m’invitait à l’espérance. Je me laissai tellement pénétrée par ses paroles que je ne vis pas le temps s’égrener. Je sortis de mon monde lorsque le haut-parleur de l’ordinateur me prévint de mon temps restant. Il me restait cinq minutes. Cinq minutes pour que mon poste ne s’éteigne !

J’aurai bien voulu ajouter des heures malheureusement, il ne me restait que la modique somme de vingt-cinq franc CFA en poche. Je fis un tour rapide dans ma boite électronique sans mon signe de croix. Pourquoi en faire, si à chaque fois le résultat était négatif ? Je consultai ma fameuse boite électronique qui était très sollicitée pour les publicités qui me gonflaient les poumons. Je pris la peine d’effacer rapidement quelques-unes.

Tout un coup, je crus mal apercevoir dans la multitude un mot comme Florias. Je m’approchai de plus près de mon poste et découvris un message de la part de l’entreprise Florias. Mon cœur explosa !  Pendant ce temps mon poste me signalait en alerte rouge  mes trois minutes restantes. Avec détermination je me décidai de mettre fin à mon supplice en appuyant sur la touche lire le message. Les quelques secondes qui s’écoulèrent avant que le message ne s’afficha me parus une éternité. Je fermai les yeux pour un dernier instant de recueillement avant de les rouvrir devant un message que je lus aussi vite qu’un éclair. Je crus rêvé et pourtant c’était une réalité. J’étais convié le jour suivant aux environs de dix heures à Marcory résidentiel au sein de l’entreprise Florias. Je me dirigeai vers une cabine téléphonique pour un compte rendu à mon amie Jeannette. Sa joie à l’autre bout du fil montrait combien de fois son intérieur était si blanc que la neige. Rien n’était mentionné que j’avais le poste pourtant elle célébrait mon nouveau poste. Elle proposa de m’accompagner mais je refusai son offre. Un refus non pas parce que je me voyais changer de statut, simplement que les vendredis étaient les jours où Jeannette était chargée dans les travaux ménagers. Je ne voulais pas lui créer des problèmes à son retour.
Cette nuit, je dormis si vite dans le but de me réveiller tôt. Des milliers de questions me submergeaient. Je me créais des films dont moi seule était l’actrice principale. Je pris la peine de mettre mon vieux téléphone portable qui me servait aussi d’alarme sur six heures. Entre prières, réflexions vinrent les anges de Morphée qui m’emportaient dans le royaume du sommeil.

 

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