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Chapitre II : Mon Patron, Mon Amant

Chacun des candidats essayaient de faire ces dernières prières. Il y avait certains qui regardaient dans la grande glace de l’entreprise leurs tenues du jour. Puis, une lumière rougeâtre afficha le numéro un. C’était une belle jeune dame qui ouvrait le bal de cet entretien. Je pense que pour mon retard, je ne l’avais pas remarqué parmi cette multitude de personne. Vêtue dans un complet pagne, elle arborait fièrement l’allure d’une femme africaine responsable. Ce profil de femme qui cadre bien avec ce métier d’interprète. Solidarité de la situation obligeait, tous, la souhaitions en cœur bonne chance. On la vit faire un signe de croix et entrer dans le bureau. Les vingt minutes qui ont duré son entretien nous parut une éternité. Nombreux avaient pris la peine de vérifier son heure d’entrée afin de calculer le temps exact de son entretien. Elle sortit du bureau l’air un peu déçu mais prit le temps de rassurer certains curieux sur les questions auxquelles elle avait été confrontée. Puis, une fois les avoir mis au parfum, elle prit la direction de la sortie principale. Son angoisse venait de prendre fin. Je restais dans mon coin observant les autres candidats. Cinq minutes après la candidate, l’écran afficha le numéro deux. Cette fois-ci, c’était un jeune homme qui marcha à pas déterminé devant la porte. Le bruit qu’il fit en ouvrant le bureau montrait son énergie et son envie de décrocher ce poste. On se regarda tous avec étonnement. Je parie qu’il avait même surpris le patron dans son bureau en ouvrant la porte. Tout comme la première, son entretien dura vingt longues minutes puis il ressortit. A la différence de la première, celui-ci sortit avec un visage radieux. Lorsque certains curieux s’en approchèrent pour lui poser des questions, il ne prit même pas la peine de leur répondrent. Il sortit tranquillement de l’entreprise l’air jovial comme si le patron lui avait confirmé le poste. Je restais sereine, l’unique chose qui me préoccupait restait la question suivante : à quelle heure sera mon tour ? Les heures passaient tout comme les différents candidats.

Nous étions à présent dans l’après-midi, la pluie avait cessé et laissait par moment paraitre les fins rayons du soleil. L’écran afficha le numéro de mon amie du jour Jeannette qui portait le quatre-vingt-dix-neuf. Tenant les deux derniers numéros nous étions les seules restées au sein de l’entreprise. Cela nous permis d’être plus proche et de partager nos problèmes de jeunes chômeuses. Mon cœur n’arrêtait pas de battre depuis l’affichage du numéro de Jeannette sur l’écran. Elle se leva, me fit un sourire et s’en alla vers la fameuse porte. Savoir que dans vingt minutes, j’allais être en face de celui qui pouvait changer mon destin me donnait déjà de la migraine. Pour retrouver mon esprit, je me dirigeai vers le secrétariat pour un verre d’eau.
– S’il vous plait madame, je voudrais un verre d’eau.
– Vous vous sentez bien mademoiselle ? Me questionna-t-elle.
– Oui très bien un peu nerveuse mais ça va.
– C’est normal, je vous comprends mais gardez votre calme, me rassura la secrétaire.
– Merci madame lui dis-je avec un sourire
– Vous voulez encore un autre verre ?
– Non, je me sens déjà mieux.
– D’accord bonne chance pour la suite.
– Une fois de plus merci madame.
Les mots de la secrétaire qui pouvait avoir l’âge de ma mère me réconfortaient. Je pris mon calme et alla m’asseoir. Jeannette sortit du bureau.
– Ton entretien c’est bien passé ? m’empressai-je de lui demander.
– Ma sœur, les mêmes questions, répondit elle.
– Mais le patron est-il sympathique ?
– Tu entreras de suite, tu jugeras de toi-même, je dirai que l’entretien a été sans pression.
– Vue l’heure qu’il fait, je ne prendrai pas plus de ton temps.
–  Je n’ai pas grande chose à faire à la maison, je t’attendrai au portail afin qu’on aille ensemble à l’arrêt du bus, dit-elle.
– D’accord du moment où l’entretien ne dure que vingt minutes.
– Bonne chance Marceline on se voit tout à l’heure.
– Merci Jeannette à tout à l’heure.
Je fis un signe de croix rapide avant que mes mains ne prennent contact avec le poignet de ce fameux bureau. Je savais plus que jamais que mon destin se jouait sur cet entretien. J’avançai d’un pas ferme dans la grande salle qui servait de lieu d’entretien. C’était un bureau spacieux où se trouvaient des prestigieux tableaux.

La couleur blanche des murs me procurait la sensation d’être en visite dans un hôpital. Le directeur s’était levé et contemplait le paysage à travers  l’une des vitres de son bureau. À m’entendre, il se retourna et nos regards se croisèrent. J’avais en face de moi mon » Dieu » d’un jour. C’était un jeune monsieur très svelte. Il pouvait mesurer un peu plus d’un mètre quatre-vingt. Les formes de son corps malgré qu’elles étaient enveloppé dans un costume exprimaient son côté sportif. Ces genres d’hommes qui ne laissent personne indifférent dans une rue ou à l’arrêt d’un feu tricolore attirent énormément les regards, même celui des hommes. Sa coupe de cheveux était en harmonie avec sa personne. Je trouvais ses yeux d’une couleur marron clair que je me demandais s’il portait des lentilles de contact. Si cela ne fut pour l’entretien, j’aurai assouvi ma curiosité. Sa peau d’ébène miroitait comme du beurre de karité au soleil. En une fraction de seconde, j’imprimai le physique de cet homme dans ma mémoire. Il s’assit, puis me fit signe de la main de prendre place. Une fois installée, il prit ma fiche que j’avais rempli auparavant chez la secrétaire et débuta l’entretien.

-Bonjour mademoiselle, Marceline et bienvenue au sein de l’entreprise Florias. Comme vous avez bien pu le constater dans les journaux, nous sommes à la recherche d’une personne s’exprimant très bien en espagnol afin de pouvoir traduire les dossiers de nos partenaires venant des pays hispanophones. Cette personne pourrait également être en mesure de nous accompagner dans ces différents pays lors de nos rencontres d’affaires. Je vous avoue que je suis très fatigué par le nombre des candidats que j’ai eu à entretenir. Vous êtes la dernière alors je vous éviterai certaines questions pour gagner assez de temps. Je suppose que vous aussi devez être fatiguée. Alors, présentez-vous et dite moi pourquoi vous êtes la personne adéquate pour ce poste? Pourquoi devrais-je vous gardez et refuser les autres candidats. Vous avez la parole mademoiselle m’invita-t-il.
– Avant tout propos, je tenais à vous remercier pour l’entretien que vous m’accordez malgré votre fatigue. Je suis Yao Marceline diplômée d’un master en interprétariat option espagnole. J’ai fait des pratiques en Espagne dans une université de langue où j’obtins le diplôme d’espagnol comme langue étrangère niveau C1. J’ai donné quelques cours dans une école privée. Être en collaboration avec des partenaires hispaniques demande à votre entreprise une personne ayant un haut niveau dans la maitrise de la langue. Je pense être à la hauteur étant donné que pendant mes stages en Europe j’eus à collaborer avec mon université comme interprète. Cette expérience m’a permis d’acquérir certaines expériences  dans l’exercice de l’interprétariat. Ce n’est pas un monde nouveau pour moi. Cependant, j’ai  jamais une entreprise m’a donné la chance. Mes dossiers ont toujours été rejeté bien avant même que je ne fasse mes preuves. Si vous m’accordez ma chance, je pense être la personne idéale pour votre entreprise je ne demande que vous me donniez ma chance.
– Regardez cette vidéo en espagnole. Au fur et à mesure qu’elle passe faites-moi la traduction.
Je regardais la vidéo et traduisais selon les dires que j’entendais. Une fois avoir fini cette étape le patron me tendit un petit texte qu’il me demanda de lire et de traduire en français.
– Vous êtes mariez mademoiselle Marceline ? Me demanda-t-il soudainement.
– Non, je suis célibataire.
– Et pourquoi ? Continua le directeur.
–  Cela reste le dernier de mes soucis.
– Et c’est quoi le premier de vos soucis ?
– Avoir un travail et être indépendante
– D’accord,  avez-vous jamais eu un petit ami?
– Comme toute jeune fille oui bien sûr mais il y a bien longtemps.
Êtes-vous discrète ?
– Je pense que jusqu’à présent je n’ai jamais eu des problèmes pour des ragots.
– Ecoutez, c’est tout pour ce soir. Vous pouvez partir. Dans deux semaines, le résultat sera disponible. J’enverrai un mail personnellement à tous les candidats. Bonne route et prenez soin de vous.
– Merci monsieur bonne soirée à vous.

Je sortis du bureau sans savoir quoi penser de mon entretien. Je restais un peu perplexe devant les questions telles que ma discrétion et ma situation amoureuse. Au fond de moi, je trouvais que c’était une belle excuse pour ce patron de m’exclure du poste. J’avais beaucoup entendue que certaines entreprises cherchaient des personnes mariées pour certains postes. Être marié représentait peut être une stabilité chez l’employé. Je pris comme tous les candidats le chemin de la porte principale. Mais avant de prendre congé, je pris la peine de remercier la secrétaire pour son amabilité.
Je trouvais Jeannette devant le portail parlant avec le vigile. Dès qu’elle m’aperçut, elle vint vers moi.
– Comment a été tes vingt minutes ?
– Je ne sais pas quoi dire lors de ton entretien, le patron a eu à te poser des questions sur ta situation amoureuse ?
– Non
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas mais à moi oui, lui dis-je.
– Tu sais les employeurs lors des entretiens pose toute sorte de question qui leurs passent en tête. Me dit-elle.
– Mais moi je suis célibataire et j’ai peur que cela soit un facteur de mon refus.
– Tu te fais du mauvais sang pour rien Marceline si le poste est pour toi célibataire ou pas, tu l’auras. A présent, laissons cette étape derrière et avançons vers l’arrêt du bus sinon on risque de rentrer à pied.
– Tu as raison.

Tout au long du voyage je restais silencieuse. Je revoyais mon entretien devinant ce qui pouvait peser en ma faveur ou non. J’aurai aimé être aussi calme comme Jeannette qui n’arrêtait pas de parler et de rire à chaque fois que les passagers montaient dans le bus. Malgré qu’elle fût aussi candidate à ce poste, elle ne me voyait pas comme une concurrente. Le fait qu’on traversait des situations similaires faisait qu’elle se sentait du même bord que moi. Elle avait la trentaine mais le chômage lui accordait un air de vieillesse. J’avais vingt-huit ans, deux petites années nous séparaient. Une personne qui nous rencontrait dans la rue aurait cru qu’elle était ma mère. C’est dans ces genres de moments qu’on oubli tous les malheurs qui nous frappent en rendant grâce à Dieu pour notre condition car plus démunie que nous, on en trouvera dans tous les coins de la rue.

Le bus enfin arriva à la gare nord d’Adjamé. Nous étions délivrés de nombreuses odeurs corporelles qui se vaporisaient dans cette multitude de personne coincées les uns contre les autres dans le bus. Jeannette et moi qui étions assises à l’arrière du bus attendions  que tous les passagers à l’avant descendent avant de prendre la suite. C’était une façon non seulement de descendre sans se blesser mais aussi d’éviter le vol de nos différents portables. La montée tout comme la descente des bus dans cette grande gare routière était sujet de plusieurs vols. C’était le quotidien des usagers de ces lignes. Plus on y mettait des services de l’ordre, plus les vols augmentaient. La meilleure façon de pourvoir les éviter restait l’attention car l’inattention dans cette gare pouvait être fatale. Lorsque le bus eut désemplit, on décida de descendre et de nous remettre dans la dernière course qui nous conduira vers nos demeures respectives.

– Marceline cela fut un plaisir de te rencontrer.
– Moi aussi Jeannette merci pour ton attente.
– Pas de quoi j’espère te revoir très bientôt.
– Pourquoi pas au fait tu as un numéro ou un compte Facebook ?
– Bien sur un compte Facebook.
– Donne-le-moi.
– Note Togola Jeannette et le tien ?
– Yao Yao Marceline.
– Tiens tout comme celui du directeur de l’entreprise Florias. Dit Jeannette
– Je ne te suis pas, qu’est-ce que tu insinues ?
– Ne me raconte pas que tu ne savais pas que le directeur de l’entreprise Florias s’appelait Yao Yao Frederic.
– Justement, je ne le savais pas, tu viens de me l’apprendre.
– Surement un de tes oncles.
– Un de mes oncles ? Ne me fait pas rire Jeannette, je ne le connais ni d’Adam ni d’Êve et même s’il était mon oncle, je préfère être appelé pour mes compétences et non pour du favoritisme.
– Ma sœur, le pays fonctionne ainsi donc laisse ton discours.
– Bon je vois que tu es dans une autre sphère, je t’enverrai une demande Facebook.
– Bonne soirée Jeannette.
– Hasta Luego Marceline.
Nos chemins se séparaient chacune allant dans le quai de sa destination finale.

 

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