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Chapitre VII : Mon patron, Mon Amant

Un matin, je reçus un appel de l’épouse de mon patron. Au bout du fil, elle me donna un rendez-vous d’une importance capitale. L’écho de sa voix présageait une situation inquiétante. Nous fixâmes le même jour notre rencontre pour dix heures dans l’un de ses maquis situé dans la cité administrative au plateau.

Chaque minute qui s’écoulait depuis la fin de son appel me donnait des fortes pulsions au cœur. Venait-elle de découvrir ma liaison avec son époux ? Quelqu’un nous aurait-il surpris ? Son mari l’avait-il avoué ses sentiments pour ma personne ? Mon patron avait grandi en Europe et sa mentalité était bien différente de la nôtre. Vue l’intensité de son amour, je le savais capable d’annoncer notre relation à son épouse. Autant de questions qui me hantaient l’esprit. L’unique réponse à mon angoisse restait ce face à face avec ma supposée rivale.

J’arrivai à l’heure convenu dans son maquis. Je trouvai la femme de mon patron assise à une table. Elle me fit signe de la main. Je me dirigeai vers elle avec une fausse sérénité. À l’intérieur de moi, la cadence de mon cœur s’accroissait. Une fois à son niveau, la femme de mon patron se leva toute souriante pour m’accueillir avec des bises. J’eus sur le coup, l’image du baiser de Juda, ce fidèle disciple de Jésus Christ qui le livra à ses bourreaux par une bise.

Dès que nous prîmes place, la femme du patron entama la conversation.
– Tu as la notion du temps Marcelline, pas comme ton patron. Il est toujours en retard quand j’ai urgemment besoin de lui. Dit-elle l’air déçu.
– Sûrement pour son emploi du temps chargé. Affirmai-je pour la rassurer.
– Pardon ne l’excuse pas. D’ailleurs, si je t’ai fait appel c’est pour te parler de lui. S’il te plait Marcelline ce que je vais t’expliquer devra rester entre nous.

-Figure-toi que cela fait plus de deux mois que mon cher époux ne mange plus à la maison. C’est à peine s’il m’offre son intimité. Il trouve toujours des prétextes pour me refuser son corps. Il sort tôt, rentre tard. Franchement Freddy a trop changé. Je le connais comme les lignes de ma paume. Je suis sûr qu’il a une nouvelle conquête dans sa vie. Mais cette dernière peut s’estimer heureuse pendant qu’elle reste dans l’anonymat. Je la battrai à mort si jamais je la croisais. S’exclama-t-elle les yeux remplis de larmes.

– Non madame, le patron ne peut pas vous tromper. Arrêtez de pleurer s’il vous plaît. Vous vous inquiétez pour rien.
– Marcelline, je sais que c’est ton patron et à ta place, j’aurai fait pareil pour sauvegarder mon poste. Nous sommes entre nous femmes. Je t’en supplie, si tu sais une éventuelle infidélité dis-moi afin que j’agisse le plus tôt que possible. Mon foyer bat de l’aile. J’aime Freddy plus que tout au monde. Tu as déjà été une fois amoureuse dans ta vie alors tu peux imaginer mon désarroi. C’est pénible de voir son partenaire s’éloigner sans raison. Notre paisible vie d’amoureux n’est qu’à présent un lointain souvenir.
– Madame, franchement je ne sais quoi vous répondre. Le patron, je ne l’ai jamais aperçu dans les bras d’une autre femme. Sinon, je vous l’aurais dit. Vous savez combien de fois je vous estime. En plus, c’est grâce à vous que mon amie Jeannette a pu obtenir un emploi. Soyez sans crainte désormais, je ferai plus attention aux faits et gestes du patron. Vous pouvez compter sur mon aide et ma franchise.
– Je suis très touchée par tes mots. Marcelline tu es comme une petite sœur. Si tu soupçonnes une fille d’avoir une aventure avec mon Freddy n’hésite pas à m’avertir. Je prendrai mes mesures afin que ton nom ne soit impliqué. Je te le promets. Mais cette dernière seul Dieu sait ce que je lui ferai.
– À présent parlons d’autres sujets. Dis- moi, qu’est-ce que tu désires prendre ?
– Non merci madame si cela ne vous dérange pas je prendrai congé de vous. Demain, j’ai une traduction de texte à rendre à monsieur.
– Marcelline prends au moins un Soda, la chaleur d’aujourd’hui est insupportable. Insista-t-elle
– Ce sera pour une prochaine fois. Le patron a besoin de la traduction de ce texte pour une réunion importante. Et je dois également me rendre à une réunion de famille de ce pas.
– D’accord, vraiment merci d’être venue. Néanmoins, tiens cette enveloppe pour ton prix du carburant. Ne le refuse surtout pas.

Je pris l’enveloppe et je me séparai de l’épouse du patron. Durant le trajet, j’avais un sentiment de culpabilité. L’unique personne qui était à la base de l’instabilité de son couple restait ma personne. Cela me fit de la peine.
J’étais à présent délivrée de mes angoisses. J’avais la preuve qu’elle ne se doutait de rien sur ma relation avec son époux. Et j’en étais heureuse.

Lorsque j’arrivai à mon domicile dans la soirée, je trouvai mon patron installé dans mes fauteuils puisqu’il avait les doubles de mes clés.
– Tu étais où chérie ? S’empressa-t-il de me demander. J’ai essayé de te joindre à plusieurs reprises mais tu restais injoignable.
– Mon ange, salue moi avant de me poser les questions.
– Mes excuses, tu vas bien ma Marcé ?
– Oui très bien. Au fait, j’étais restée sans batterie. En plus, je t’avais prévenue que j’avais une réunion familiale.
– La prochaine fois cherche toi une batterie externe. Ah avant que je ne l’oublie dit-il tout heureux, j’ai effectué sur ton compte bancaire un virement de sept millions pour la construction de ton futur magasin.
– Déjà ? Dis-je toute souriante. Je me jetai à son coup en le remerciant par un langoureux baiser.
– C’est ainsi tu me remercies mon petit lapin ? Me demanda-t-il sous un air taquin.
– Hum, Je te vois venir. Mais pour l’instant, je suis toute fatiguée. Laisse-moi reprendre mes forces.
– Voilà que tu deviens raisonnable. Ecoutes, le samedi prochain, on passera la soirée chez moi.
– Chez toi ? Freddy non tout sauf ça ! Comment être à l’aise devant ton épouse ? Je préfère qu’on reste chez moi. C’est préférable pour tous les deux.
– Mais qui t’a dit que cette vielle casserole sera présente ? Mon épouse part voir sa tante en Suisse pour un mois le vendredi soir. Alors, samedi on se fera une fête rien que pour nous deux.
– Non, je n’irai pas je te préviens. Cela ne m’enchante pas. Imagine un instant si une personne nous surprennait. Et si à son retour l’un de tes vigiles l’informait ou même un membre du voisinage ? Tu as pensé à tout cela ?
– Tu es trop peureuse ma belle. Personne ne nous surprendra, en plus j’ai des vigiles de confiance. En outre, toute la maisonnée sait qu’on travaille ensemble.
– Depuis quand une employée passe la nuit au domicile de son patron dans le cadre d’un travail ? Lui demandai-je inquiète.
– Il y a un début à toute chose. Je te rassure que mes vigiles avec quelques billets de banque fermeront non seulement leurs yeux mais aussi leurs bouches. Pour les voisins, je m’en fiche de ce qu’ils penseront. Ils ne viendront pas tout même poser des caméras chez moi. Je passerai te chercher le samedi dans la soirée. Rends-toi désirante surtout.
– D’accord comme tu veux. Je suppose que tu as pensé longuement avant de prendre le risque de m’inviter à passer la nuit chez toi. Si cela ne tenais qu’à moi, on resterait chez moi.
– Trêve de bavardage, je t’invite au restaurant » La taverne Romaine» je meurs de faim.
– Accorde-moi un instant que je prenne ma douche.
– J’espère que tu ne tarderas pas.

Je terminai ma toilette. Nous prîmes la direction du restaurant. J’adorais ce lieu. C’était un cadre enchanteur avec un menu varié. Les plats africains et européens se côtoyaient. Freddy et moi avions décidé de prendre un plat européen. Je n’aimais pas trop les plats français. Cependant, Fréderic lui en raffolait. Il mangeait avec appétit en me donnant quelques anecdotes sur les plats français. Je trouvais normal son appétit devant les plats européens. Son enfance fut bercée par ce continent. Après le repas, mon patron me descendit chez moi et prit de toute vitesse la direction de son domicile où l’attendaient ses beaux-parents venus pour une visite.

Le samedi dans la soirée, mon patron me conduisit à sa somptueuse villa sise à la riviera palmeraie. Son salon était une pièce de six mètres de haut. Elle scintillait par une verrière. Mon Fréderic adorait les voyages et cela se percevait dans la diversité des œuvres d’art dès l’entrée de sa demeure. Une grande statue de bois de la reine Abla Pokou, figure historique du peuple Akan était posée près d’un palmier qui s’épanouissait près de la verrière. Le mur central était orné d’une grande toile peinte de la main du plasticien Ouattara Watts. La commode de style Louis-Philippe supportait des petites sculptures camerounaises en bronze et des statuts de différents pays. Un grand miroir fabriqué dans la ville de Korhogo était accroché au-dessus. La grande bibliothèque regorgeait d’une panoplie de livres de tout genre. Les étagères contenaient plusieurs poupées réunies par son épouse, qui les collectionnait.

Je me replongeai toujours dans mon enfance lorsque j’étais en face de ces poupées. Je les trouvais divines malgré que chacune d’elle avait les traits de caractères de son pays d’origine. L’épouse de Fréderic, fière de son immense collection, savait par expérience que cela impressionnait toujours les visiteurs. Je me souviens que la première fois que je mis pieds dans la demeure, elle m’attira comme une gamine devant sa collection. Elle prenait plaisir à présenter chacune des poupées qu’elle appelait affectueusement mes filles. Elle connaissait par cœur l’endroit exact où elle avait acheté chacune d’entre elles et à quelle occasion.

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